Les élections européennes en Italie

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Tous les Italiens semblent tomber d'accord sur le fait que leurs partis politiques voient les élections au sein de l'Union Européenne comme un simple « thermomètre politique », plus que comme un vote d'une importance cruciale pour les enjeux européens.

Des élections locales ou européennes ?

09/10/1970 - 20:00
Il reste moins d'une journée avant les prochaines élections européennes. Dans un climat de bouleversements et d'attente conséquente, les élections semblent désormais davantage une affaire de politique intérieure et de légitimation qu'un réel engagement pour le futur de l'Europe.

Le gouvernement actuel est formé de la coalition du Partito Democratico (PD) – dont le premier secrétaire est l'actuel Premier Ministre Renzi, Nuovo Centro Destra (NCD), de l'Unione di Centro (UDC), et de la Scelta Civica du précédent Premier Ministre. Ainsi, leur profonde différence d'idéologie et de programme a conduit à la répartition des trois partis au pouvoir dans des alliances européennes différentes. Le PD soutient le Parti des Européens Socialistes, le NDC préfère le Parti populaire européen, tandis que Monti a choisi l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe. Pour le Partito Democratico, le vote de mai prochain a pour principale visée d'obtenir la légitimation électorale que Renzi n'a jamais eue en tant que Premier Ministre, et ainsi justifier son agenda de réformes – et plus particulièrement celle qui concerne les élections, à présent gelée par le Senato (la seconde chambre italienne). Cependant, leur succès est loin d'être garanti, rapport aux différentes voies européennes que les membres de la coalition ont prises et au faible soutien dont le NCD et la Scelta Civita jouissent – lequel ne devrait pas même excéder le seuil des 4% - et la montée en puissance du Movimento 5 Stelle.

Une opposition controversée

Le marginal Movimento 5 Stelle (M5S) fondé par le comédien Beppe Grillo – nom qui explique le sobriquet de « Grillini » dont ses membres sont affublés – et le parti d'extrême-droite xénophobe Lega Nord sont les deux principaux partis d'opposition ; mais leur seul point commun est bien l'euroscepticisme. Grillo apparaît capable de confirmer son succès électoral de 2012, lorsque le mécontentement et la consternation des Italiens face aux anciens partis, égoïstes et indignes de confiance, a croisé la route de l'anti-politique Movimento.
Le PD a bien tenté de rajeunir son image avec Renzi – qui partage de fait plus d'idées avec le centre qu'avec les vrais partis de gauche – mais une bonne part de la population (25%) préfère encore Grillo. Sa sélection « démocratique » des candidats, par une procédure de vote informatisée, vise la participation civique directe, mais élève dans le même temps des doutes consistants quant aux compétences et buts de Grillini, doutes souvent fondés. En fait, beaucoup de membres du parti sont choisi en fonction de la sympathie qu'ils éveillent parmi la foule, plus que grâce à leurs réelles compétences et leur expérience dans les affaires politiques.

Même la Lega Nord a changé son image pour les élections européennes, lorsqu'elle a choisi Salvini, connu pour sa compagne électorale anti-euro. Le parti a rejoint le Mouvement pour une Europe de Libertés et de Démocraties. Au contraire, le M5S est resté fidèle à son isolation politique et n'a rejoint aucune alliance européenne.

Le parti fluide

Encore plus compliquée est la position de la récemment resuscitée Forza Italia, parti sous les drapeaux duquel Berlusconi a gouverné l'Italie jusqu'en 2007 - date de la fondation du Popola Della Libertà. La décision de la Cour de condamner Berlusconi pour fraude fiscale semble avoir paradoxalement ravivé sa popularité – la population lui ayant toujours voué un fort attrait – et conséquemment, son énergie dans l'arène politique. Récemment, en novembre, il est revenu sur son soutien au gouvernement Letta et a décidé de quitter le Popolo della Libertà pour refonder la Forza Italia. Cependant, une partie de son entourage proche a désapprouvé cette décision ; en première ligne, Angelino Alfano, qui a fondé le NCD et ainsi engendré une profonde fissure dans la coalition de droite. Le changement de gouvernement, avec l'affectation de Renzi (PD) au poste de Premier Ministre en février dernier, n'a pas substantiellement fait évoluer la situation, malgré l'implication initiale de Berlusconi dans l'ébauche des principales réformes, en particulier celle qui visait la loi électorale. L'ex-premier ministre persiste dans sa stratégie consistant à n'approuver que ce qui est dans son intérêt direct, et sa forte personnalité garantit une remarquable soutien au sein de la population. Forza Italia a rejoint le Parti populaire européen et Berlusconi compte sur un le plébiscite le plus fort pour regagner de l'influence dans la politique intérieure, les sondages lui attribuant 20% des intentions de vote.

 

Tous les partis politiques se montrent finalement plus intéressés par le poids dans la politique intérieure qu'ils pourraient potentiellement gagner de par leur succès aux élections Européennes, plutôt par la manifestation d'un réel engagement supranational. Il est vrai que ces élections seront une opportunité à saisir pour comprendre les préférences électorales après le changement inattendu de gouvernement en février 2014, mais les politiciens devraient se rappeler que nous votons pour notre futur en tant que citoyens européens, pas pour réagir à leurs caprices. La situation dans laquelle nous nous trouvons reflète parfaitement la caste politique, où les intérêts personnels et l'ambition, de même que les désaccords personnels et les disputes, déterminent les alliances et programmes politiques. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant qu'une part toujours croissante de la population ait pris l'habitude de s'abstenir de voter. Et c'est précisément elle, l'abstention, la réelle rivale de chaque parti politique ; un ennemi qu'ils devraient combattre ensemble pour garantir la base de la démocratie, à savoir la participation active de ses citoyens

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

A simple political thermometer, nothing else

24/05/2014 - 19:20
Pragmatism at its best: The European Parliament possesses less power than the European Commission, which in turn already has few powers. Italian parties understood this aspect and, with a devoted dose of cynicism, they regard the next European elections only as a test for their domestic strategies.

The European elections give a perfect opportunity for parties to measure their weight inside the Italian political scene. Their actions let us understand who they are and what they fight for.

Those who want to stabilize their position

Among the parties composing the “Grosse” Koalition currently in power, the Partito Democratico is certainly the most relevant in terms of consensus (circa 35%, IPSOS) and shares in the coalition. Its internal clashes, caused by the struggle for the power among its numerous components, continued after Matteo Renzis victory in the run for the Secretariat: The support of “minority streams” in the party is always depending upon numerous factors (policies to implement, seats in the Government, etc.). Despite his presumed appeal and charisma, Renzi could not manage to collect the craved 10% which would have allowed the Partito Democratico to be a majority party. This is why the next European elections will constitute the “stress test” for Renzi’s appeal not only as Prime Minister but, first of all, as leader of the Partito Democratico.

The second entity in the coalition (circa 6%, IPSOS) running in the European elections is the NCD-UdC (New Center-Right – Center Union). Founded in November 2013, this coalition groups a narrow number of MPs of the PDL (Popolo delle Libertà, Peoples of Freedom) and the “Christian Democrats”(UdC) which decided to detach from Berlusconi after his conviction for tax fraud. The two parties play a key role in both Government and Parliament: In fact they control a decisive number of seats in the Parliament, which enables them to decide the fate of the Government (Italy is a parliamentary republic). The NCD also controls three important ministries (Interior, Healthcare and Transports). Their tactical role in the survival of the coalition Government (they are numerically indispensable to form a majority) would allow the NCD-UdC to exploit a good performance to strengthen their pressure on the Partito Democratico in the Government’s action, spending their victory on political capital in the domestic arena.

Those who fight for life

On the other side of the barricade stands Berlusconi with his reborn Forza Italia. His latest conviction caused a significant shrinkage of support (circa 19%, IPSOS) and drove some key figures of his closest entourage to leave him (Paolo Bonaiuti and Fabrizio Cicchitto, above all). The position of his party is probably one of the most delicate ever: Outside the government and with a constant loss of supports, the upcoming European elections may play a decisive role. There’s a say in Italy, “rats are deserting a sinking ship”. An eventual debacle could determine other defections within the party. Nevertheless, it is vital to keep in mind Berlusconi’s ability to regain consensus short before elections. Moreover, his control over a large part of Italian media remains strong and intact even today.

Another party trying to recover from scandals is the Lega Nord (Northern League). After the loss of its founder and historical leader Umberto Bossi, the regionalist right-wing party is trying to surf the popular unrest caused by the economic crisis. A renewed wave of propaganda managed to regain some support in the North, where the party has its electoral base. According to IPSOS the recovery would result in an estimated share of 5.4% of the votes, on a national base. As well as Forza Italia, Lega Nord is obliged to use these elections to try to reaffirm its role in the Italian political arena, where a new political subject has fostered a huge wave of disgust spread widely among a large portion of voters.

The Jackal

The Movimento Cinque Stelle (Five Stars Movement) is the big outsider of this electoral turn: No previous experience in Europe and an outstanding performance in the last legislative elections in Italy (25,09% of the votes, according to the Ministry of Interior Affairs). Founded by brilliant comedian Beppe Grillo and by IT engineer Gianroberto Casaleggio, the movement is storming the Italian arena with its message of political cleansing. Surfing the waves of the various continuous scandals affecting political élites, M5S’s proclaimed aim is to overthrow the ruling class and to establish a new participative and incorrupt democracy. With no clear perspective in foreign policy, the M5S will not place itself within any European coalition. Entering the European arena is at the bottom of M5S’s agenda. This can be easily explained: With less corrupt and indecent adversaries, their arguments would virtually disappear.

Despite the wide profusion of Euro-enthusiastic proclaims by the coalition parties, the inconsistence of Italian foreign policy (including a European-based) constitutes the most obvious sign that none of the Italian political players place any importance on the next turn. It is just a political thermometer - in Italy more than in any other European country.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Swipe to see the other side.

The state of the votes

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