Le défi de la réforme de l’éducation nationale : amélioration ou détérioration ?

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Depuis plusieurs années, le système éducatif est à l’agonie. Une rupture politique décisive est annoncée par le nouveau gouvernement, notamment par la limitation de l’accès au lycée. Ce changement se fera-t-il au profit ou aux dépens de l’éducation slovaque ?

Une nouvelle stratégie pour faire renaître l’Éducation nationale

26/01/2013 - 19:14
L’état déplorable de l’éducation ne fait aucun doute. Afin d’y remédier, le nouveau gouvernement doit entreprendre des démarches courageuses, à commencer par restreindre l’accès au lycée. Quoique controversée, cette politique s’avère nécessaire pour revaloriser l’éducation et briser le cercle vicieux.

Après l'arrivée au pouvoir du parti social-démocrate (SMER- SD) de M. Fico, celui-ci doit répondre aux attentes en menant des réformes majeures. Le domaine de l’Éducation nationale, depuis longtemps négligé, revient à l’ordre du jour. Tout le paradoxe repose sur le fait que pour finalement ressusciter l’Éducation, la gauche emprunte les moyens de la droite, en œuvrant la limitation de l'accès aux lycées. Or la voie choisie semble difficile, mais nécessaire.

Une situation intenable

A l’heure actuelle, l’éducation nationale slovaque agonise, car sa maladie a été traitée de manière incohérente au cours des vingt dernières années. Au regard des classements internationaux, l’enseignement supérieur slovaque ne fait pas rêver (absent du classement de Shanghai, alors que celui-ci comprend un établissement tchèque et deux pour la Pologne et la Hongrie). Quels sont ces maux qui entravent l’avenir de l’éducation en Slovaquie ? Le premier problème est celui du sous-financement généralisé de l'éducation (3,69% du PIB contre 4,98 % pour la moyenne européenne), et ce sur le long terme, et de l’inefficacité de l’allocation des ressources.

Se pose alors la question de la qualité et de la cohérence des programmes scolaires. A l’issue de l’école primaire qui dure jusqu’à 14-15 ans, les élèves passent un examen national, le Monitor, qui leur permet d’accéder à l’enseignement secondaire. Ce n'est qu‘à partir des résultats d’un seul examen, soigneusement préparé en classe, que les capacités des élèves sont évaluées. Et c’est ainsi que désormais les écoles professionnelles ou d’apprentissage se vident, tandis que des élèves qui n'ont pas les capacités nécessaires accèdent facilement aux lycées.

Les lycées accueillent avec bienveillance cette masse d'étudiants dont la vocation devrait normalement être différente. Aussi, les professeurs sont obligés d’adapter leurs exigences aux capacités des nouveaux lycéens, d’où une baisse du niveau d’année en année. Or les lycées publics demeurent financés selon le critère du nombre d'élèves, d’où leur intérêt à se taire et à assumer. D’ailleurs, où est le problème si davantage d'étudiants accèdent à une meilleure éducation ? C’est précisément là qu’est le point de friction. Force est de constater que le même schéma se reproduit au niveau de l’enseignement supérieur. Et avec le foisonnement des universités et la faiblesse du niveau de recherche des professeurs, presque tous peuvent obtenir leur diplôme. C’est ce qui explique la dévalorisation de l’enseignement supérieur, notamment dans le domaine des sciences humaines, et donc le chiffre croissant du chômage chez les jeunes. A l'inverse, les domaines des sciences naturelles et de la technique, jugés trop exigeants, souffrent de l’indifférence des étudiants.

Des mesures difficiles, mais tout à fait justifiées

Avec l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement socialiste, le gouvernement du parti majoritaire SMER-SD, une fois de plus des remèdes sont promis. C’est dans ce contexte que M. Caplovic, le nouveau ministre de l’Education, des Sciences, de la Recherche et du Sport, intervient avec une proposition radicale : limiter l’accès aux lycées à ceux ayant une moyenne inférieure ou égale à 2,00 (notation sur l’échelle de 1 à 5 ; 1 = excellent; 5 = insuffisant). Ceux qui ont une moins bonne moyenne – jusqu’à 2,75 – suivront un bac professionnel, ou le cas échéant, en apprentissage. Parallèlement, l’examen d’entrée au lycée va désormais devenir obligatoire, sauf si les candidats ont obtenu 90% au Monitor. Adieu les critères abaissés, déterminés individuellement par chaque lycée. La prise en compte à la fois de la moyenne, du Monitor et des examens d’entrée obligatoires garantit une objectivité maximale à l’entrée du lycée.

Cette mesure vise une répartition plus équitable des élèves, ainsi que la relance de l’intérêt pour les formations des écoles professionnelles et d’apprentissage. Paradoxalement, ce sont souvent ces écoles dédaignées qui offrent les meilleures perspectives de se faire valoir sur le marché du travail, comparées au lycée et à l'université. Ainsi, Caplovic essaye de faire face au chômage des jeunes à l’issue de leur formation. Cette dernière néglige souvent la demande du marché slovaque, et notamment celle des investisseurs de l’industrie automobile. Dans cette logique s’insère également le soutien financier des lycées ayant des classes orientées vers les sciences naturelles, ou encore la limitation envisagée des places pour les universités de droit et de médecine.

Un effort nécessaire pour briser le cercle vicieux

Dans l'ensemble, ces mesures sont tout à fait rationnelles et justifiées, appliquées pour l’intérêt général. Pourtant, les parents dénoncent cet élitisme. Oui, l’élitisme du parti socialiste. Manifestement, il est toujours mieux pour l’enfant de suivre sa formation au lycée, puis de choisir l'une des centaines d'universités, en optant idéalement pour le droit ou l’économie, ou les deux à la fois, pour obtenir un ou plusieurs diplômes sans aucune valeur et enfin de rejoindre directement la file de Pôle Emploi sans aucune perspective de s’en sortir, n’ayant aucune qualification ni spécialisation pratique. Actuellement, tel est le sort d’un tiers des diplômés.

C'est à cause de ce paradoxe que le gouvernement socialiste se trouve obligé de défendre des principes plutôt attribués à la vision libérale de l’éducation, comme l’exprime Thatcher qui déclarait que « l’éducation est la question des perspectives d’avenir et les perspectives, c’est justement d’être inégal ». Ou juste pas chômeur. Le fait que le parti socialiste se prête à une telle politique ne fait que souligner l’urgence de la situation, ainsi que l'incompréhension de ce même principe par les parents et leurs enfants. Si tous devenaient avocats, qui assurerait les autres services essentiels pour la société ? De plus, la perception de la richesse étant essentiellement relative, si tous gagnaient plus, personne ne serait plus satisfait. Heureusement qu’une mesure d’action courageuse est prise après des années de laxisme.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Une nouvelle réforme discutée, mais inefficace

26/01/2013 - 19:14
L´Éducation est en Slovaquie l´un des domaines les plus réformés. Malheureusement, la plupart des réformes n´a servi à rien ou a même détérioré l´état précédent en créant le chaos. D´où aussi une méfiance vis-à-vis de la nouvelle réforme de l´Éducation préparée par le nouveau ministre.

Le système de l’éducation slovaque est tout sauf admirable. En fait, il ne l’a jamais été. Le changement est donc plus que nécessaire. Cependant, même si on dit qu’en Slovaquie tout est possible, dans ce cas précis, on ne peut pas attendre de miracle.

Une situation « stable »

Le problème du système de l’éducation en Slovaquie se présent sous plusieurs aspects. Le plus évident et le plus important est celui des moyens de financement. Le manque d’argent se traduit par des écoles dont les bâtiments tombent en ruines, sauf celles qui ont eu la chance d’obtenir des subventions de l’Union européenne, par un équipement technique et numérique insuffisant, et surtout par les salaires des enseignants beaucoup trop bas pour des personnes qui instruisent de futures générations. Comment alors avoir des enseignants de qualité, satisfaits, satisfaisants et par conséquent des étudiants bien éduqués ?

Il se trouve qu’en Slovaquie, lorsqu’il faut économiser, on commence par l’Éducation (et la Santé), comme si c’était quelque chose de secondaire. Aussi, rien ne change en période de crise. Pourtant, les enseignants ne renoncent pas et organisent des grèves.
Pourtant, l’Education slovaque est ou bien paraît être constamment en réforme. Au cours de la dernière décennie, soit les réformes s’enchaînaient, soit des problèmes surgissaient pour les élèves concernés par ces réformes. Ils ne recevaient que rarement les manuels et les autres équipements promis par les textes.

Et encore une (nouvelle) réforme

Avec la formation du nouveau gouvernement – le gouvernement du parti politique SMER-SD (gauche) et du Premier Ministre Robert Fico – c’est M. Caplovic qui a obtenu le portefeuille de l’Éducation. Et dès le début de son action au ministère de l’Éducation, il a lancé une réforme, assez radicale, toujours en débat.
Le projet consistait tout d’abord à établir que seulement les élèves des écoles élémentaires qui ont une moyenne inférieure ou égale à 1,5 (dans un système de notes où 1 = excellent et 5 = insuffisant) pourraient continuer leurs études au lycée. Mais après de nombreuses critiques il a abaissé ce seuil à une moyenne inférieure ou égale à 2. Son argument principal est qu’en Slovaquie, le système est tel que les étudiants diplômés en sciences humaines (notamment en droit) sont largement supérieurs en nombre à ceux ayant suivi un apprentissage. Or, ces derniers sont beaucoup plus demandés sur le marché du travail slovaque, tourné vers l’industrie.
Le ministre envisage aussi de réformer l’éducation supérieure en cessant de soutenir la création de nouvelles universités (privées). De plus, il voudrait prolonger les études à temps partiel.

Ces idées sont ciblées, radicales, peut-être intéressantes, cependant pas si efficaces.

Limites (pas seulement) de la réforme

Il est clair que l’Education nationale a besoin de réformes, mais de réformes structurelles. Il est vrai que la situation actuelle est particulièrement grave mais par conséquent difficile à changer.
L’idée d’une sélection des élèves à l’entrée du lycée a du sens, mais elle intervient trop tard. En effet, il faut bien avoir à l’esprit que même au niveau des écoles élémentaires, on ne peut pas parler d’une notation équivalente d’un établissement à l’autre : un devoir noté 1 (excellent) dans une école élémentaire correspondra plutôt à un 2 (très bien) dans une autre école élémentaire à l’autre bout du pays par exemple. En outre, même le niveau des écoles élémentaires n’est pas tout à fait le même partout. D’où une première limite.
D’un autre côté, comment peut-on prévoir quels seront les métiers qui recruteront dans 4 ans ? Il est dans les faits assez difficile de le prévoir, aussi favoriser certains types de formations par rapport à d’autres peut ne pas être légitime.

Sur la question des écoles d’apprentissage, un autre problème se pose : du fait du manque de moyens, elles délivrent souvent des enseignements de piètre qualité, sans compter que les perceptions de ces filières restent négatives (certains allant jusqu’à considérer comme une honte de faire un apprentissage). La situation n’est guère plus brillante en ce qui concerne les universités : les cours délivrés ne sont pas à la hauteur de ce qui pourrait être attendu et nombreux sont les étudiants qui basculent dans les mouvements extrémistes. Le résultat, c’est le chômage à peine le diplôme en poche.

Le gouvernement ne doit pour autant pas se décourager : une réforme structurelle est nécessaire, pour ne pas dire vitale. Et malgré les difficultés, elle n’est pas impossible.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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