La victoire du SMER, une victoire pour la Slovaquie ?

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Samedi 10 mars 2012 se sont déroulées les élections législatives en Slovaquie. Le parti SMER-SD a ainsi remporté 55,3 % des sièges du Parlement slovaque. Mais cette victoire du SMER-SD est-elle également une victoire pour la Slovaquie ?

Une victoire démocratique au goût amer

20/07/2012 - 13:01
Les résultats des élections législatives viennent de confirmer une réelle crise de représentation en Slovaquie, qui a permis l'essor spectaculaire d'un parti. Le SMER-SD tient détient seul les rênes du pouvoir et l’absence d’une opposition réelle lui permet de les manier à sa guise. Une fois de plus dans l'espace européen, des élections démocratiques mettent en danger la démocratie.

Les élections de ce mars se sont conclues par une grande victoire du SMER-SD. Ce parti a réussi à recueillir à lui seul 44% des voix, qui lui confèrent 83 sièges sur 150. Ainsi le parti n'a plus besoin de former de coalition et peut gouverner seul. Une telle situation n'aurait suscité aucun tollé dans les pays de l'Europe occidentale, qui sont habitués à l'émergence des grandes majorités, mais en Slovaquie cette victoire du SMER-SD représente un fait tout à fait exceptionnel dans la vie politique.

Une victoire révolutionnaire

En effet, depuis la fin du régime communiste en 1989, aucun parti politique n'a recueilli une majorité absolue des sièges dans le Parlement, un peu comme si l'électorat slovaque gardait à l’esprit les leçons des décennies de domination d’un parti unique. De plus, le mode de scrutin proportionnel qui est en place en Slovaquie depuis son indépendance devait lui aussi éviter l'émergence d'un seul « parti fort ». Ce système s'est avéré très efficace jusqu’à présent : le gouvernement n'a jamais été une affaire d'un seul parti, mais d'une coalition de plusieurs partis, dont le nombre variait entre trois et cinq. L'élément de coalition est un trait essentiel du parlementarisme slovaque : la pluralité d’agents forcés de trouver des compromis est considéré comme un système de checks and balances très efficient et l'expression « partenaires de coalition » a une connotation très positive.

Le triomphe du populisme

Néanmoins, les élections de mars 2012 ont changé la donne et la Slovaquie se soumet volontairement à la dominance d'un parti. Ce changement soudain ne l’est cependant pas tant que cela. Il a été provoqué en grande partie par la décomposition de l'offre électorale.

Le scandale Gorila (link sur l'article précédent) a discrédité l'ensemble des partis politiques traditionnels, de droite comme de gauche, y compris le SMER-SD. Les électeurs de la droite s'en sont indignés et en voulant punir la mauvaise conduite des parti politiques ils se sont soit abstenus, soit ont donné leur vote aux nouveaux partis. En cela, ils ont permis au SMER-SD de multiplier le nombre de sièges.

Néanmoins, tandis que les partis de droite ont subi des pertes de , le SMER-SD s’en est trouvé renforcé, et ce sans avoir eu besoin de faire le moindre effort pour réformer son parti ou le rendre plus transparent. Ceci ne peut être expliqué que par la stratégie du discours populiste, qui est un trait caractéristique du SMER-SD, et qui a permis de conquérir des électeurs peu intéressés par l’actualité politique et donc plus apte à être séduits par de belles paroles.

Risque d'un futur à la hongroise

Dans ce contexte, il devient impossible de ne pas faire de parallèle avec le cas de Hongrie. En effet, ce qui a rendu possible une telle ascension de SMER-SD a été l'ébranlement des partis de droite, que les élections ont sanctionné. Néanmoins, dans le cas de Hongrie, le parti sociale-démocrate est malgré la chute de popularité resté un parti relativement solide, et son score de 19% ne peut se comparer avec les résultats des partis d'opposition en Slovaquie, dont aucun n'a dépassé les 9%.

En conséquence, même si le SMER-SD n'a pas la majorité des deux tiers, il pourra pleinement profiter de l’opposition, divisée entre un grand nombre de petits partis très peu solidaires. En effet, étant donné le caractère désuni de l'opposition, il est très vraisemblable que cette dernière ne pourra pas parler d'une voix et aura véritablement mal à se faire entendre dans ses critiques du gouvernement. Pire encore, si le SMER-SD fait des propositions intéressantes aux partis d'opposition, ceux-ci vont se lancer dans une course concurrentielle, et en échange de quelques postes ou contre-services ils n'hésiteront pas un instant à accepter la coopération avec ce dernier. Ainsi, le SMER-SD pourrait exploiter les conflits au sein de l'opposition et de facto créer une majorité de deux tiers ex post, tout en amortissant l'opposition.

Ce n'est que l'opposition qui pourra décider si la Slovaquie reprendra le modèle du gouvernement Orban ou si elle réussira à se réformer et à acquérir une nouvelle crédibilité en tournant le dos à ces quatre années de gouvernement de type autoritaire.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

La victoire de la stabilité et des perspectives européennes

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20/07/2012 - 13:01
La victoire écrasante du SMER-SD donne un signe clair : l'électeur slovaque a voulu sanctionner les deux ans d’un gouvernement de droite aux résultats très mitigés. La confiance donnée à Robert Fico lui permettra de rétablir la stabilité économique et politique. L'affiliation clairement pro-européenne du nouveau Premier ministre, mais aussi les contraintes économiques assureront que le programme du nouveau cabinet ne portera aucune atteinte aux valeurs démocratiques – comme certains le craignent à tort.

Personne ne doutait de la victoire du SMER-SD, mais peu de gens croyaient réellement à une victoire d’une telle ampleur. De plus, les pronostics faits par des politologues et les journaux parlaient tous d'une faible participation, voire d’un risque de record négatif, ce qui aurait dû être plutôt défavorable au SMER-SD. Mais le 10 mars, les électeurs slovaques se sont mobilisés d'une manière un peu surprenante pour établir un record à 60% de participation, le score le plus élevé depuis 10 ans.

La droite affaiblie rejetée au profit de la gauche stable

Tandis que les premiers résultats basés sur les sondages à la sortie des urnes ont donné le SMER-SD vainqueur avec entre 37 et 39% des voix, le parti de Robert Fico a finalement réussi à persuader plus de 44% des électeurs, ce qui correspond à 83 mandats sur un total de 150 sièges. La droite, morcelée en cinq partis a subi un échec cuisant ; les électeurs ont pénalisé deux années de gouvernement de Mme Radicova : les chrétiens-démocrates, la première force de l'opposition a convaincu à peine 8% des électeurs et SDKU-DS, l'ancien leader de la droite n'est rentré au Parlement qu'avec de gros difficultés. L'électeur s'est clairement décidé pour la justice sociale, pour les sûretés et pour la stabilité – les valeurs défendues par les sociaux-démocrates de M. Fico.

Pas d'inquiétude nécessaire

Le lendemain du scrutin, les commentateurs comme les journalistes ont marqué leur étonnement quant aux résultats. Ils ont abondamment accentué le fait que SMER-SD gouvernerait très probablement seul, certains sont allés jusqu'à comparer la situation avec le gouvernement de parti unique d’avant 1989. Mais tel était le choix parfaitement démocratique des Slovaques. Nous n'avons rien à craindre. Le gouvernement de Fico, même s'il n'y a qu'un seul parti dans le gouvernement, ne constitue en aucun cas une entrave à la démocratie. Le futur Premier ministre Fico s'est bien rendu compte des fautes et dérapages de son premier gouvernement : le choix des ministres devrait être bien réfléchi, plusieurs ne seront pas les membres du parti. L’opposition, malgré son hétérogénéité, obtiendra deux vice-présidents du parlement, plusieurs présidences des comités parlementaires, ainsi que des postes importants dans différents organes de contrôle. M. Fico s'est montré ouvert, juste après les élections, à une coopération avec l'opposition sur des sujets sensibles, notamment sur ceux qui nécessitent le soutien d'une majorité des deux tiers. En outre, vu les obligations budgétaires et autres découlant des engagements européens, les cris qui accusent le gouvernement de M. Fico de vouloir gaspiller les finances publiques ne sont tout simplement pas fondés sur la réalité.

Perspectives de la stabilité

La crise économique, encore présente, exige un leadership fort, des mesures efficaces et la stabilité. Le futur premier ministre a clairement exprimé sa volonté de faire des économies, d’instaurer une solidarité sociale et de tout faire pour relancer l'économie. Le gouvernement précédent a montré son incompétence pour gouverner le pays. Ainsi, M. Fico ne propose pas des querelles, mais des solutions réelles. Si l’électorat slovaque lui a donné sa confiance, c'est parce qu'il veut rendre au travailleur, au chômeur, au retraité slovaques leur dignité. Le nouveau gouvernement apportera aussi une nouvelle culture politique dont le pays manque depuis longtemps. Plutôt que les affaires, la Slovaquie connaîtra une gouvernance responsable et ouverte aux débats. Les prochains mois montreront que ce choix était le bon et que les craintes actuelles sont injustifiées.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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