La réforme de l'éducation

9106
50%
50%
Le débat autour de la réforme dure depuis plus de 12 ans, mais c'est au printemps 2012 que les protestations contre cette réforme ont pris de l’ampleur. Les étudiants ont désigné la dernière semaine du mois de février comme la semaine de protestation contre une réforme dont l’objet ne fait pas consensus.

La réforme est une nécessité pour l’enseignement supérieur

25/01/2013 - 16:03
Josef Dobeš, ministre de l'Education, doit faire face aux nombreuses critiques de la réforme de l’enseignement supérieur. Les critiques dénoncent l'apparition des barrières sociales et l' oppression de la liberté éducative. La réforme est néanmoins une nécessité cruciale pour maintenir le bon niveau de l'enseignement supérieur.

La réforme de l’enseignement supérieur n'est pas un projet faite à la va-vite : depuis 12 ans, elle a fait l’objet de nombreuses discussions entre les hommes politiques, les savants et les académiques. Elle consiste en deux grands changements : introduire des frais de scolarité dans les universités publiques et changer le mode de nomination du conseil d'administration. Les académiques des grandes universités publiques, telle que l'Université de Charles de Prague, refusent catégoriquement la réforme en dénonçant l'oppression de la liberté de l'éducation et le fonctionnement impartial du conseil d'administration, mais la réforme est nécessaire.

Les frais de scolarités augmenteront le niveau des universités tchèques

Les frais de scolarité par semestre devraient être de 10 000,- Kč (Couronnes tchèques) pour chaque étudiant, ce qui représente 125% du salaire minimal tchèque. Ces 10 000,- Kč devraient aller directement à l'université et cette dernière aura la liberté de disposer librement de ces fonds. Dans une période où la République tchèque fait des réformes économiques et coupe les dépenses jusque dans le domaine de l'Education nationale, ces 10 000,- Kč devraient assurer partiellement le financement des universités.

Selon le partisan de la réforme Miroslav Mašláň, recteur de l'Université de Palacký d'Olomouc, la qualité doit vaincre la quantité. En effet, le nombre d’étudiants des universités tchèques a fortement augmenté depuis l'indépendance de la République tchèque en 1993. Néanmoins, on ne peut pas faire la même remarque pour ce qui est de la qualité de l'enseignement dans les universités. C'est avec les frais de scolarité que les étudiants prendront au sérieux leurs études et ne le feront pas uniquement pour bénéficier des avantages de leur statut, ce qui est souvent le cas. Un système de bourses pourrait être mis en place pour les plus défavorisés.

Un conseil d'administration élu plus démocratiquement avec la réforme

Aujourd'hui, le conseil d'administration de chaque université est entièrement nommé par le Ministre de l'Education, sur proposition du recteur de l'université. N'est-ce pas une procédure totalement antidémocratique et manquant cruellement de transparence ? La réforme tente d’y remédier : un tiers du conseil serait nommé par le Conseil scientifique, un tiers par le recteur et un tiers par le Ministre de l'Education.

De plus le conseil devrait être composé non seulement par des académiques de renom, des hommes politiques et des hommes d’affaires, mais aussi par des personnes ayant obtenu leur diplôme à l'université concernée. A vrai dire, c'est presque le cas actuellement, mais la réforme devrait faciliter la nomination des personnes de la région sensibilisées aux enjeux locaux.

Une réforme garante de qualité plus que de quantité

La réforme et surtout les frais de scolarités constituent-ils une barrière sociale pour accéder à l'éducation ? Actuellement, les banques ne proposent pas de véritables prêts étudiants et les familles doivent financer la vie de leurs enfants - étudiants. Mais la réforme de l’enseignement supérieur prévoit la mise en place de prêts étudiants comparables à ceux de Grande-Bretagne, avec un remboursement progressif de l'emprunt après avoir atteint un salaire moyen.

La question des frais de scolarité trouve un soutien de nombreux politiciens et académistes. Les frais de scolarité et le changement de nomination du conseil d'administration ne sont pas vraiment le problème, mais ce sont les détails du texte final de la réforme qui ont soulevé cette vague de débats médiatisés. La majorité des remarques et des propositions de changement du texte de la réforme, présentées par les académiques, a été acceptée par le ministère de l’Education. Ainsi, la réforme en tant que telle est plutôt bienvenue pour ceux qui l'ont étudiée et qui n'ont pas refusé de mener un dialogue avec le ministère de l'Education – ce qui n'est pas souvent le cas. Les étudiants organisent des happenings contre la réforme et font des comparaisons avec la période d'avant 1989 où la liberté académique n’était pas respectée. Ce parallèle démontre que les étudiants n'ont pas vraiment étudié la réforme ou l'ont mal interprétée, parce que le système éducatif tchèque en a besoin !

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Prélude à l’agonie de l’éducation

Auteur
25/01/2013 - 16:03
Plus de 16 000 étudiants de toute la république se sont mobilisés le 29 février pour manifester leur désapprobation des réformes envisagées de l’enseignement supérieur. Les deux projets de loi n’ont rien d’innovant, par contre ils risquent d’avoir des conséquences négatives sur l’enseignement supérieur.

Au cours de la « Semaine de l'agitation » qui a débuté le 27 février, les étudiants, soutenus par les milieux académiques, exprimaient collectivement leur mécontentement vis-à-vis des réformes annoncées par le Ministre de l’Education. Remarquables par leur ampleur et leur déroulement pacifique, ces manifestations rappelaient la mobilisation de la nation lors de la Révolution de Velours de 1989.

Eveil des jeunes ou une nouvelle «Révolution de velours»(A l'origine de la chute du régime communiste en Tchécoslovaquie (16 novembre-29 décembre 1989))?

Le gouvernement, pendant très longtemps habitué à la relative docilité des masses populaires, s’est rapidement senti déstabilisé par la réaction soudaine et inattendue des jeunes indignés. Une fois la Semaine de l'agitation finie, le tintement irrité des clés par les étudiants, geste hautement emblématique de la susdite Révolution, apparaît toujours vif dans la conscience nationale. Ce malaise ne pourra plus être ignoré par les hommes politiques et, espérons, permettra d'entamer un débat constructif sur les réformes à l’étude.

Politisation des écoles supérieures

L'un des risques les plus inquiétants représente la disposition du projet de loi relative à la création de nouveaux Conseils des écoles supérieures. Le tiers de leurs membres devrait être désormais nommé par le Ministre de l'Education, ce qui sous-entend une menace du statut indépendant de l'univers universitaire du pouvoir politique. En outre, si le recteur d'une université n'est qu'un « homme de paille », son droit de nommer un autre tiers des membres peut être directement bafoué par la sphère politique. Cette tentative de politisation est dissimulée sous une articulation vague de la disposition permettant une multitude d’interprétations souvent contradictoires. Ainsi, croire que les universités pourraient garder leur autonomie n'est pas seulement une vision naïve, elle est surtout déformatrice de la réalité.

Impasse d'une éducation déjà dénaturée

Il est généralement admis que l’enseignement supérieur tchèque a besoin de profondes modifications afin de redevenir compétitif au niveau européen. Paradoxalement, les réformes envisagées ne cherchent pas à remédier aux points faibles du système éducatif, au contraire, elles semblent vouloir les approfondir. Ainsi, elles prévoient une réduction de la représentation des étudiants aux sénats académiques et par conséquent une réduction de leur influence sur la gestion de la vie universitaire. De plus, elles supposent la mise en place de frais de scolarité, dont le montant serait soustrait à celui des subventions que l'Etat verse aux universités. En conséquence, l'effort financier des étudiants ne serait pas utilisé afin d'améliorer l'enseignement des écoles, mais plutôt pour financer les dépenses et l'endettement publics.

Un ministre discrédité, ses réformes également

Persona non grata. C’est de cette façon que la plupart de la société perçoit Josef Dobeš, le Ministre de l’Education. Déconsidéré suite à la mise en place d'une réforme des , remarquable à la fois par son coût et par son inefficacité, il est par la suite responsable de la suspension des aides financières de l'Union européenne, destinés au progrès de l'éducation. Ainsi, la République tchèque risque de perdre une somme colossale de deux milliards d'euros. A quoi donc s'attendre de la part d’un ministre qui semble gâcher tout ce qui lui passe sous les mains? Au lieu de complexifier un système éducatif déjà lourd, il faut résoudre les problèmes qui l’étouffent tels que la prolifération non régulée d’écoles privées d'un niveau médiocre. Pour empêcher une nouvelle dégradation de l'éducation, il faut manifester son désaccord. Il ne reste qu’à reprendre le fameux intitulé d'un essai de : .

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Swipe to see the other side.

The state of the votes

50%
50%

La réforme est une nécessité pour l’enseignement supérieur

Commentaires

Ajouter un commentaire