La chute du gouvernement slovaque : sacrifice ou héroisme du premier ministre?

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Le gouvernement de Mme Radicova a duré peu longtemps. Nos dualistes s'interrogent sur les raisons et les conséquences du départ prématuré du premier ministre slovaque.

La démission du Premier ministre – un sacrifice?

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25/01/2013 - 13:43
Le non slovaque au Fond européen de stabilité financière a sans doute choqué l'Europe. Cependant, la spécificité du cas slovaque tient à l'autre chose – au fait que le Premier Ministre Iveta Radicova a sacrifié son gouvernement ainsi que son poste pour sauver l'euro et l'honneur du pays.

Le non slovaque au Fond européen de stabilité financière (FESF) a sans doute choqué l'Europe. Dès le moment où il a été clair que le FESF passerait quelques jours après, l'Europe et les journalistes se sont calmés, et l'attention était attirée de nouveau par la Grèce, l'Italie et d'autres pays avec de vrais problèmes.

La spécificité du refus slovaque

Cependant, ce qui aurait du réellement surprendre les dirigeants européens, ce n'est pas le refus initial, et très vite surmonté, du fond – la Slovaquie est de toute façon trop petite pour bloquer une telle mesure. La spécificité du cas slovaque tient à l'autre chose – au fait que le Premier Ministre Iveta Radicova a sacrifié son gouvernement ainsi que son poste pour sauver l'euro et l'honneur du pays.

La vraie nature du « non »

Il est indéniable que les négociations avant le vote crucial ont échoué parce que le parti libéral(SaS) de Richard Sulik se montrait hostile au FESF. La Slovaquie aurait pu le refuser sans que le gouvernement, mais dans cette hypothèse, la crédibilité du pays aurait été perdue pour longtemps. Mme Radicova a donc dû choisir le moindre mal, c'est-à-dire de lier la question de confiance au vote sur le FESF, voulant persuader ses partenaires par ce dernier recours, sachant qu'elle allait probablement perdre. Pourtant, le parti SaS n'a pas voté pour et le Fond a été refusé. Le gouvernement est alors tombé, mais à cause d'un seul parti de coalition, le SaS. Iveta Radicova s'est sacrifiée d'une manière brave pour dépasser la myopie de ses partenaires « libéraux » et pour montrer à tous que le gouvernement, les trois partis restant, était prêts à payer le plus haut prix. La zone euro, Bruxelles, toute l'Europe ont pu voir que ce refus du Fond n'est pas celui de la Slovaquie entière, mais seulement de quelques têtes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Les conséquences

Il s'agit d'un message lisible et clair : la Slovaquie, l'un des pays les plus euro-optimistes, croit en l'euro et ne veut pas empêcher, bloquer au niveau national des décisions européennes. La crise de la dette souveraine qui en train de mordre l'Europe (et le monde) est à l'origine de plusieurs démissions qui se ressemblent – des hommes politiques irresponsables et incapables de gérer les finances, forcés de quitter leur postes. A une seule exception : Iveta Radicova qui, au contraire, a bien conduit le pays, même la majorité de l'Europe peut nous envier notre dette ; et elle est très responsable – dans la mesure qu'elle a préféré démissionner et sauver le plus possible de l'honneur du pays.

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

Le premier ministre a-t-elle été héroïque?

25/01/2013 - 13:43
Même si finalement la Slovaquie a dit « oui » à l'élargissement de FESF, cela était lié à la chute du gouvernement. Souvent, Mme Iveta Radičová, le premier ministre slovaque, était vue comme l'héroïne qui s'est opposée à la « dictature de l'UE », mais peut-on vraiment parler d'héroïsme ?

Le vote sur l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) était le moment clé pour l'Union européenne et notamment pour la Zone euro. Mais pour un membre de la zone euro, c'était le moment décisif sur la scène politique nationale. Même si finalement la Slovaquie a dit « oui » à l'élargissement de FESF, cela était lié à la chute du gouvernement. Souvent, Mme Iveta Radičová, le premier ministre slovaque, était vue comme l'héroïne qui s'est opposée à la « dictature de l'UE », mais peut-on vraiment parler d'héroïsme ?

Les raisons de l'instabilité gouvernementale

Suite aux élections législatives slovaques de 2010 la coalition de quatre partis est venue au pouvoir malgré la victoire du parti social-démocrate (SMER – sociálna demokracia). Mme Iveta Radičová, dont la popularité lui a remporté le poste du Premier ministre, a dû faire face aux difficultés dès le premier jour de son mandat. A cause de l'instabilité de la coalition gouvernementale, formée de partis d'orientations différentes (l'Union démocratique et chrétienne slovaque, Parti démocratique (SDKÚ-DS), Liberté et solidarité (SaS), le Mouvement chrétien-démocrate (KDH) et Most–Híd (MH)) Mme Radičová devait se concentrer sur la recherche du consensus. Sa position était d'autant plus difficile qu'elle ne pouvait même pas compter sur la dévotion absolue de son propre parti (Slovenská demokratická a kresťanská únia – Demokratická strana) dont elle n'était pas la chef, mais seulement l'un des vice-présidents.

Ainsi, même avant le vote sur l'élargissement du FESF le gouvernement avait déjà connu plusieurs crises graves. Le gouvernement s'est assez vite retrouvé paralysé, incapable de réaliser son programme réformiste ambitieux.

FESF : prisonnier de la lutte politique interne

L'incapacité d'agir ensemble s'est manifestée clairement quand Mme Radičová a confirmé la position favorable de la Slovaquie sur l'élargissement du FESF malgré des opinions antagonistes au sein de la coalition. Progressivement, cette question n'est devenue qu'un prétexte pour un règlement de comptes dans la coalition et c'est là où Mme Radičová a échoué. Non seulement elle n'a pas réussi à tenir son rôle médiateur de Premier ministre, mais elle a de plus permis l'abus de cette question importante pour des buts politiques mesquins. C'était d'autant plus grave que ce n'était pas seulement au détriment de la crédibilité de la Slovaquie mais aussi des intérêts de l'Union européenne dont la solidarité entre les membres a été remise en question.

Quel héroïsme dans le vote sur le FESF relié à la question de confiance ?

La chute du gouvernement, suite au vote sur l'élargissement du FESF, est considerée par certains comme une victoire morale de Mme Radičová. Mais est-ce que le fait de lier le vote à la question de confiance peut être consideré comme un acte héroïque ? Non seulement sa réaction était tardive mais elle a tout parié sur le soutien de son partenaire SaS (Liberté et solidarité ; eurosceptiques). Elle voulait ainsi mettre la pression sur son partenaire qui était contre l'élargissement du FESF. La proposition de l'opposition (parti SMER-SD), favorable à l'élargissement, a été ignorée.

Le bilan de cette action ? Le chantage n'a pas réussi et l'opposition, favorable à l'élargissement du FESF mais contre le gouvernement de coalition, ne pouvait pas voter pour. La fin de la coalition au pouvoir s'est montrée définitive lorsque la majorité de 76 votes pour n'a pas été atteinte (69 contre et 55 pour sur 124).

Ainsi le bilan de cet acte dit « héroïque » se résume par la chute du gouvernement, l'instabilité politique et la perte à jamais de la credibilité de la Slovaquie.

 

Cet article présente intentionnellement un seul parmi les différents points de vue existant sur cet enjeu. Son contenu ne reflète pas nécessairement l'opinion personnelle de l'auteur. Je vous invite à prendre connaissance de la philisophie de Duel Amical.

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